Perles de l’assurance

Première partie

  • Pour l’instant, je n’ai aucune assurance chez vous, sinon celle de votre considération distinguée.
  • Vous me dites que l’accident ne rentre pas dans le champ de la garantie, mais, en tous cas, la voiture de mon voisin est rentrée dans mon champ.
  • Ayant prononcé quelques invectives à l’encontre de cette conductrice, celle-ci m’a semblé froissée, mais moins pourtant que la tôle de ma voiture.
  • Vous m’avez conseillé d’assurer ma voiture pour l’usage promenade, mais j’ai oublié de vous préciser que tous les dimanches, j’allais raccompagner ma belle-mère qui vient déjeuner à la maison. Puis-je, en toute honnêteté, considérer ce déplacement comme promenade.
  • Je m’interroge au sujet de mon assurance vie : ai-je intérêt à décéder tout de suite ou dois-je attendre l’âge de la retraite ?
  • Mon épouse ne cuisine pas plus mal qu’une autre, mais je serais plus tranquille si vous ajoutiez au contrat d’assurance de la maison une garantie contre les intoxications alimentaires.
  • Ma femme s’entête à vouloir conduire à nouveau la voiture quand elle sera à la retraite. Je lui ai dit que vous nous feriez payer plus cher parce qu’elle n’a pas conduit depuis dix ans et que vous aviez dit qu’elle était novice, mais ça lui fait plaisir. Pas de payer plus cher, mais d’être encore novice à son âge.
  • J’ai été heurté de plein fouet par un poteau électrique.
  • J’avoue que je n’aurais pas dû faire demi-tour sur l’autoroute avec ma caravane, mais j’avais oublié ma femme à la station-service.
  • Il est exact que mon chien a mordu le petit garçon alors qu’ils jouaient ensemble gentiment, mais je n’étais pas assez près pour savoir lequel des deux a commencé à mordre l’autre.
  • Vous refusez de régler mon incendie sous prétexte que je n’ai pas payé ma prime. Je vous rappelle pourtant que, l’année dernière, j’avais payé ma prime sans avoir d’incendie. Où est la justice là-dedans ?
  • Préférez-vous que je vous règle mon assurance incendie avec un mois de retard ou que je vous adresse un chèque sans provision ?
  • J’ai frappé un camion stationné qui venait dans l’autre sens.
  • Un camion a reculé dans mon pare-brise et dans le visage de ma femme.
  • L’homme prenait toute la rue et j’ai dû effectuer de nombreuses manoeuvres avant de le frapper.
  • En voulant éviter de frapper le pare-choc de l’auto qui me précédait, j’ai écrasé un piéton.
  • Je conduisais ma voiture depuis quarante ans lorsque je me suis endormi au volant et que j’ai eu cet accident ! Une voiture invisible est arrivé de nulle part, a frappé mon véhicule et est disparue.
  • Le poteau de téléphone s’approchait rapidement, j’ai essayé de l’éviter mais il a frappé l’avant de ma voiture.
  • J’étais certain que le vieil homme ne se rendrait jamais de l’autre côté de la route, alors je l’ai frappé.
  • Je viens d’acheter un camion en remplacement de mon ancien qui est décédé sur la table d’opération de mon garage local. La cause est un cancer généralisé qui s’était développé dans la transmission, l’embrayage et les freins. Il est mort à l’âge respectable de 11 ans et 338 424 km parcourus (sans accidents) et laisse dans le deuil, outre son propriétaire, les nombreux clients qui n’ont pas été livrés à temps (sic !). La dépouille sera exposée en arrière du magasin pour environ une semaine; après quoi, elle sera écrasée.
  • L’automobile a freiné devant moi. J’ai ralenti. Il a stoppé. J’ai freiné. Il est reparti. J’ai redémarré. Il a freiné de nouveau. J’ai levé le pied aussitôt. Il regardait à droite. Je regardais devant moi. Tout ça pour vous dire que j’ai fini par le heurter à l’arrière.
  • Depuis mon accident, j’étais le patient le plus patient de mon médecin traitant, mais si vous tardez à m’envoyer un chèque, je serai le plus impatient de vos clients.
  • Je vous adresse sous pli la facture que vous m’avez réclamée. Si vous ne la recevez pas, vous voudrez bien me le faire savoir.
  • Jusqu’à présent, nous étions fait pour nous entendre: je vous payais mes primes, vous me remboursiez mes accidents. Mais si, maintenant, vous me cherchez noise pour une quittance réglée avec retard, où allons-nous ?
  • Ma fausse sceptique a débordé occasionnant des dégâts. Je m’interroge sur la compétence du maçon qui a réalisé les travaux.
  • J’ai été verbalisé sous prétexte que le certificat d’assurance apposé sur mon pare-brise était périmé. La marée-chaussée m’agresse, les portes de votre agence sont closes le lundi matin; quant à moi je suis saisi d’un doute : être ou ne pas être assuré !
  • Tout d’abord je vous dis bonjour, ensuite je vous dis que je vous écris pour vous dire qu’une dame m’a dit que j’avais éraflé sa voiture avec mon vélo.
  • Depuis l’accident, j’ai des mots de tête.
  • Vous savez que je ne suis pas un homme à histoire. Je n’ai pas protesté quand le chien d’à côté a sauté à la tête de mon fils et lui a fait tomber ses lunettes. Je les ai réparées tant bien que mal avec de la crazy glue mais j’en ai trop mis, ça a coulé sur les verres et depuis, mon fils n’arrête pas de loucher. Pensez-vous que je puisse me faire payer des lunettes neuves par le propriétaire du chien ?
  • Ma voiture a subi d’importants dommages corporels.
  • J’ai décidé de ne pas prendre d’assurance responsabilité cette année car je ne vois pas qui pourrait me poursuivre: je suis si inoffensif !
  • Mon grand danois a avalé les boucles d’oreilles en or de ma femme. Elles valent près de 2000 $. Elles étaient sur la table de chevet. Le chien les a vues, a bondi et les a avalées. Vous me demandez de vérifier si je ne pourrais pas les retrouver : j’aimerais savoir pendant combien de temps je dois vérifier les excréments de mon chien.
  • Puisque mon assurance de frais médicaux s’étend aux personnes à charge, puis-je réclamer pour mon chien ?
  • Pourriez-vous me donner la date d’expiration de mon assurance incendie pour que je sache jusqu’à quand je peux réclamer.
  • Étant sorti de l’hôpital et sur le point de reprendre mes activités professionnelles, je vais à nouveau utiliser ma voiture. À cette occasion, je vous demande de bien vouloir redémarrer mon assurance.
  • À la suite de mon accident du mois dernier, ma voiture a été convoquée par l’expert pour lui montrer ses dommages.
  • Lorsque le feu a pris dans ma cuisine, mon mari n’avait pas terminé ses travaux de peinture: il y avait deux murs blanc sale, un vert propre et le dernier moitié sale moitié vert propre. La fumée a noirci le vert propre et l’eau des pompiers a fait des traces jaunes sur le blanc sale et le plafond (de couleur indéterminée). C’est maintenant toute une histoire de choisir une couleur qui ne jurera pas trop avec le reste. Pouvez-vous en toucher un mot à l’expert ?
  • J’ai malheureusement rencontré un trottoir avec ma voiture neuve.
  • Les circonstances de l’accident sont extrêmement claires: mon fils commençait à dévaler la piste quand il a été doublé par l’un de ses skis qui s’était décroché de sa chaussure.
  • Constatant que tous les arbres sur son terrain avaient été coupés par erreur par son nouveau voisin, l’assuré appelle son conjoint et lui déclare encore tout abasourdi : « Chérie, tous nos arbres sont partis ! »
  • L’autre voiture a frappé la mienne sans m’avertir de ses plans.
  • J’avais passé la journée à magasiner pour des plantes et je retournais chez moi. En arrivant à une intersection, une haie s’est dressée devant moi, m’a bloqué la vue et je n’ai pas vu venir l’autre voiture.
  • Je me suis tassé sur le bord du chemin, j’ai regardé ma belle-mère, puis nous avons pris le champ.
  • J’ai dit au policier que je n’étais pas blessé, mais en ôtant mon chapeau, j’ai vu que j’avais une fracture du crâne.
  • Le piéton ne savait plus par où passer, alors je suis passé dessus.
  • Je n’ai pas pu freiner à temps et ma voiture a embouti l’autre véhicule. Le conducteur et le passager sont partis immédiatement en vacances avec blessures.
  • La cause indirecte de l’accident est un petit homme, dans une petite voiture, avec une grande gueule.
  • Le pauvre type était partout à la fois. J’ai été obligé de donner plusieurs coups de roue avant de le frapper.
  • J’ai frappé un camion immobile qui venait dans la direction opposée. Pour éviter de frapper le pare-choc de la voiture devant moi, j’ai frappé le piéton.
  • Dites-moi à quel âge les enfants changent de prix.
  • J’ai dépensé beaucoup pour elle: des lunettes qu’elle sera obligée de porter toute sa vie parce qu’elle a un défaut d’image.
  • En réponse à votre enquête dentaire concernant mon appareil, les dents de mon devant vont très bien mais celles de mon derrière me font mal.
  • Mon mari est pour le moment décédé.
  • Si vous n’augmentez pas mes prestations, je vais être obligé de recommencer à travailler.
  • Depuis que mon mari est mort, il n’y a plus de bêtes sur la ferme.
  • Étant chômeur et sans secours, je me suis ramassé un peu de tôle dans la cour à ferraille pour faire manger les enfants.
  • Ma mère est bien malade. Elle a mal aux jambes et ne peut descendre l’escalier pour les changer.
  • Il a perdu son épouse le 17 écoulé. Il a également perdu le numéro de dossier.
  • Me voici avec ma plume.
  • Je prends un moment de silence pour vous envoyer un mot.
  • Louis a décédé le 2 mars et énuméré le 4 du même mois (sic).
  • L’expert s’est décommandé. Il a remis sa visite ciné die.
  • On l’a trouvé mort dans un état grave.
  • Il s’agit d’un témoin fort respectable et tout à fait digne de bonne foi. Je signale du reste qu’il était fort bien mis, portant cravate et costume croisé.
  • Je dois vous dire que les gendarmes m’ont posé des questions indiscrètes, du genre : D’où veniez-vous ? Où alliez-vous ? Avez-vous bu quelques verres ? Avez-vous regardé à droite et à gauche avant de franchir le carrefour ? Votre passagère est-elle un membre de votre famille ? etc. Vous avouerez que c’est beaucoup de curiosité pour de la tôle froissée et que je n’ai pas à soulever le voile de ma vie intime sous prétexte que j’ai bousillé un pare-choc.
  • En vous remerciant par avance, je reste dans la tente de votre chèque de règlement.
  • Je viens, par la présente, vous déclarer un accident qui, pour être banal, n’en est pas moins inhabituel.
  • L’incendie a pris dans la cuisine, mais, lorsque les pompiers sont arrivés, le feu était déjà circoncis.
  • J’ai pris contact avec votre répondeur et celui-ci m’a aimablement conseillé de vous écrire.
  • Mon assurance incendie couvre mon mobilier pour une somme illimitée, mais je m’aperçois que la cotisation est également sans limite.
  • En décembre 92, j’avais cassé mon pare-brise et vous aviez gelé mon bonus; je viens d’avoir un autre accident à la fin d’août: est-ce que le gel marche aussi pendant l’été ?
  • En repoussant un chien tenu en laisse par son maître, je me suis fait mordre par ce dernier.
  • Mon mari s’est toujours bercé au même endroit et il a perforé le tapis.
  • À la suite d’une querelle, une de mes chambreurs s’est fait arracher un sein (elle avait omis de nous dire qu’elle portait une prothèse).
  • J’ai un bris de pare-brise, mais je connais le coupable: le garagiste l’a fracturé lorsqu’il a enlevé toutes les vitres de mon auto pour la repeindre.
  • Mon fils va prendre des cours pour piloter un petit avion. Je voudrais savoir si les assurances que j’ai chez vous le garantissent contre le vol ?
  • J’ai malheureusement rencontré un trottoir avec ma voiture neuve.
  • Les circonstances de l’accident sont extrêmement claires: mon fils commençait à dévaler la piste quand il a été doublé par l’un de ses skis qui s’était décroché de sa chaussure.
  • J’ai bien compris que je devais vous déclarer le sinistre dans les cinq jours, mais était-ce cinq jours avant ou cinq jours après ?
  • Monsieur, j’ai l’honneur de vous déclarer que je viens de faire mon cinquième accident de l’année. Vous pouvez dire que je suis dans la poisse. Mais vous noterez que pour mon troisième, j’étais pas dans mon tort.
  • Revenant de l’enterrement de ma pauvre femme, je roulais allègrement…
  • Il y a déjà un mois que j’ai embouti trois voitures à l’arrêt et je n’ai encore rien touché. Est-ce normal ?
  • Monsieur le Directeur, dans ma déclaration d’accident que je vous ai adressée, j’ai oublié de vous dire qu’il y avait un mort.
  • En regagnant mon domicile, je me suis trompé de maison et je suis entrée dans un arbre qui ne m’appartenait pas.
  • Je ne vois pas pourquoi vous refusez de prendre mon accident en charge à cause que je n’ai pas payé ma cotisation, puisque l’autre année, j’avais payé et j’avais pas eu d’accident.
  • La dame était plein fards. Forcément, ça m’a ébloui et j’ai perdu le contrôle.
  • Je suis entré en collision avec un brave homme dont les moyens intellectuels m’ont paru terriblement limités. J’ai donc eu la chance de parvenir à lui faire signer un constat qui m’est particulièrement favorable. Je pense que vous m’en saurez gré.
  • La prime, c’est moi qui la paie et vous remboursez les dégâts de l’autre. Tout ça, c’est des fumisteries.
  • J’ai signé le constat mais ça ne compte pas. J’avais pas mes lunettes et j’ai rien vu de ce qui était dessus.
  • Etant donné que je n’ai subi aucun dommage, ils vont encore en profiter pour ne rien me payer.
  • J’étais bien à droite et en me croisant, l’adversaire qui prenait son virage complètement à gauche m’a heurté et maintenant, il profite de ce que j’avais bu pour me donner tous les torts. Honnêtement, est-ce qu’il vaut mieux être saoul à droite ou chauffard à gauche ? Il faut tout de même raisonner…
  • Je vois pas pourquoi je suis amputé de toute responsabilité, puisque l’autre ne savait pas conduire non plus.
  • Ma femme a été commotionnée et aura sûrement des cicatrices à la figure mais c’est rien, le docteur y a mis des infectants.
  • Je viens par la présente vous déclarer un accident. Je vous donnerai tous les détails quand j’aurai retrouvé mes esprits.
  • J’ai immédiatement porté plainte pour le vol de ma voiture au commissariat de Nice où j’ai passé le week-end.
  • Ma voiture a été heurtée, alors qu’elle était en stationnement, par un automobiliste qui effectuait une marche arrière. En rédigeant le constat amiable, j’ai commis une erreur : j’ai signalé que j’étais à l’arrêt et non en stationnement. Puis-je faire marche arrière ?
  • J’espère que vous n’aurez aucune difficulté pour exercer un recours et récupérer ce qui m’est dû. En effet, bien qu’il ne soit pas assuré, ce monsieur a les moyens : on dit qu’il est propriétaire d’une fabrique de chaussures qui marche bien.
  • J’avoue que mon fils est responsable de cet accident, mais il faut aussi noter que cette personne s’est conduite de façon fort cavalière: elle est même montée sur ses grands chevaux pour me faire la morale.
  • Après l’accident, l’autre automobiliste n’arrêtait pas de répéter: Je suis prioritaire, je suis prioritaire… Entre nous, il n’y a pas de quoi en tirer vanité. Pour être prioritaire, il suffit de venir par la droite. C’est à la portée du premier imbécile venu.
  • C’était jour de verglas. Je circulais très lentement dans ma voiture, quand le piéton m’a doublé à toute vitesse, par la droite et sur les fesses.
  • J’ai fait le calcul des frais que j’ai déboursés à la suite de cet accident, pour que vous me prépariez un chèque. Le comte est à votre disposition, avec les factures.
  • Si je comprends bien, vous indemnisez mon adversaire avec l’argent de ma prime. C’est trop facile d’habiller Paul quand on déshabille Pierre.
  • Mon fils ne peut être civilement responsable de cet accident puisqu’il est militaire.
  • Vous me demandez de vous donner mon accord sur les termes de votre lettre; or, cette lettre je ne l’ai jamais reçue. Comment voulez-vous que je vous donne mon accord sur le contenu d’une lettre que je n’ai jamais reçue ? Je ne suis pas contre, mais je ne suis pas pour non plus. Comprenez-moi : quand on cause, il faut savoir de quoi on parle.

 

Extraits de La Presse, le 19 mai et le 22 décembre 1992, le 18 mai 1993, le 29 mars, le 18 octobre 1994, le 4 avril et le 10 octobre 1995 et le 18 décembre 2000. « Les perles de l’assurance », par Christian N. Dumais, telles que recueillies dans le courrier des courtiers et des compagnies d’assurances et colligées par le Centre de documentation et d’information de l’assurance.